La peinture est un art qui existe depuis la nuit des temps. Cette discipline n’a jamais cessé d’évoluer au cours des millénaires. Ce qui en fait un médium artistique intrigant et culte pour sa pratique sans limite.
Pour savoir à tel point la peinture à tellement intégré le quotidien de l’homme, les textures et les trainés d’une peinture à l’huile ou d’une aquarelle, sont numérisées et intégrées dans les logiciels bureautiques et de graphismes web.
Pourtant, il existe énormément de produits picturaux dont leur utilité ou leur composition reste inconnue d’un grand nombre de personnes. De quoi décourager les peintres amateurs actuels qui ne savent pas par où commencer.
Pour les experts, il est difficile d’identifier à l’œil nu les techniques picturales employées par les peintres du passé comme pour ceux d’aujourd’hui. Pourquoi autant de mystères pour une pratique artistique qui fait partie de notre quotidien ?
L’importance de reconnaître les différents médiums artistiques
Nous faisons attention aux symboliques que représente l’image, aux contextes politiques et sociales du peintre et si l’œuvre concorde à nos critères esthétiques. Mais faisons-nous attention aux procédés de fabrication ? Jamais. Comme beaucoup d’autres produits que nous consommons, la fabrication de la peinture n’appartient plus à l’initié, mais aux entreprises de fabrique.
Du coup, comment distinguer la peinture des autres comme la lithographie, la gravure, l’encre, le pastel, voir du tirage photographique ?
Quelle importance allez-vous me dire ? Tant que l’image vous plaît. Vous pouvez aimer une impression sur une grande toile. Ce n’est pas cela l’important.
Nous sommes à une époque où nous pouvons reproduire tout et n’importe quoi visuellement. Sauf que la qualité de nos produits ou de nos matériaux actuels ne seront jamais la même que les siècles passés et ils deviennent donc rares. Et à l’heure actuelle, certaines matières seront toujours plus nobles que d’autres.
C’est le même principe que pour les bijoux en or et les bijoux plaqués or. C’est difficilement discernable à l’œil nu. Mais si vous ne faites pas la différence, vous payerez chère un objet qui n’est pas totalement fait de cette matière noble et il vous sera difficile de le revendre à un prix convenable. Vous aurez alors fait un très mauvais investissement.
A quoi nous voyons que c’est une peinture ?
La peinture est , selon moi, le moyen d’exploiter et de comprendre ce que nous voyons comme la couleur, l’espace et la lumière, assez rapidement, autre que la photographie. Même s’il faut un temps de préparation des matériaux et une pratique régulière, la peinture est une disciplines qui permet de comprendre et d’apprivoiser nos sens visuels et kinesthésiques.
Les matières picturales ne se décrivent pas totalement. C’est à force de pratiquer ou de comparer, qu’il y a moyen de reconnaître des techniques propres à la peinture.
Commençons à définir un minimum ce qu’est une peinture.
La frontière floue entre peinture et dessin dans les Beaux-Arts
Tout d’abord, dans le domaine des Beaux-Arts, il y a la volonté de distinguer ce qui est propre à la peinture et au dessin sur le plan technique. Dès qu’une matière colorante est employée, on fait de la peinture. Les formes appartiennent au dessin.
Je ne suis pas du tout de cet avis, même si c’est un moyen aux enseignants de donner de l’importance aux différentes disciplines artistiques.
Heureusement André Béguin, ayant créé plusieurs dictionnaires techniques, souligne la difficulté de scinder les techniques artistiques ainsi :
« <<…>> il faut toutefois remarquer que la frontière entre dessin et peinture n’est pas nette et l’on admet généralement dans le dessin, non seulement le dessin rehaussé, c’est-à-dire au trait renforcé de couleurs et de teintes ( par exemple du blanc sur papier foncé), mais encore le pastel (considéré pourtant par certains, comme peinture), le lavis, ou dessin au pinceau exécuté avec une encre en jus, et, également, le dessin peint à l’eau (aquarelle, gouache, etc.), pourvu que le dessin ne disparaisse pas sous la peinture et qu’il s’agisse d’un dessin colorié et non d’une peinture dessinée ; on peut peut-être penser, d’ailleurs, que ce dernier cas représente une extension de sens. »
Béguin; A., (2008), Dictionnaire technique du dessin, éditions Vander, p.15.
Regardons la définition d’une peinture selon François Perego dans « Le dictionnaire des matériaux du peintre » :
« Une peinture est un produit blanc ou coloré constitué de pigments dispersés dans un liant, fluide à l’application et donnant un film continue après durcissement ».
Perego; F., (2005), Le dictionnaire des matériaux du peintre, éditions Belin, p. 569.
Il est déjà plus facile de cerner ce qu’est une peinture des autres médiums artistiques grâce à cette réaction physico-chimique.
Les encres et les lavis ne forment pas de film protégeant les pigments, car les pigments sont directement dissous dans l’eau et après l’évaporation de cette dernière, les pigments se fixent au support.
Pour ce qui est des pastels (gras ou maigres), des fusains, des sanguines, des crayons graphites, ils ne forment pas de films continues.
Entre réactions physico-chimiques et effets visuels
Cependant, François Perego précise que cette définition qui semble simple n’est pas à prendre au premier degré.
Certaines peintures, par la manière dont la matière est diluée, ne forment pas un film continue. Par exemple, l’aquarelle si on y met trop d’eau. Certaines encres ont une consistance pareille à certaines peintures. Ou encore les pastels gras peuvent être broyés pour donner une pâte picturale onctueuse qui recouvre bien la surface. Nous pourrions même peindre avec des enduits, du chocolat ou même avec du sang (ce qui se fait d’ailleurs).
Donc pour définir une peinture, il faut chercher plus loin que cette réaction physico-chimique. Il faut faire plus attentions aux pratiques passées et aux ajustements réalisés aux pâtes picturales.
Je vous expliquerais dans d’autres articles, les défis rencontrés par nos ancêtres et comment ils ont déjoué les lois de la physique avant l’arrivée d’Isaac Newton.
Pour revenir sur notre sujet, je voulais vous soumettre les propos de Jean-Pierre Brazs dans son livre « Manières de peindre: Carnets d’atelier » :
La peinture peut être abordée comme une préparation et une manipulation de matériaux dans le but de créer des perturbations de la lumière réfléchie, destinée à provoquer des « effets visuels ».
Brazs; J.-P., (2011), Manières de peindre: Carnets d’ atelier, éditions Notari, p.10.
Cet ajout à la définition précédente, reflète toute l’élaboration de ces substances colorées pour qu’elles donnent des effets plastiques et visuels voulus, non le hasard d’être tombé sur le bon produit au bon moment. Jean-Pierre Brazs constate qu’une peinture se construit sur deux structures simultanées qui sont la construction de réactions physico-chimiques et la construction optique. L’un assure la stabilité de l’œuvre et l’autre à donner l’effet visuel voulu.
En conclusion
Il y a eu une évolution de la définition de la peinture. Nous voulions d’abord scinder ce qui est propre au dessin et à la peinture pour finalement souligner la spécificité de certains produits à former un film dur et continu après séchage. La définition la plus contemporaine souligne que la peinture est modifiée et travaillée, afin d’obtenir des effets visuels, en créant des perturbations lumineuses.
La suite des articles abordera la composition d’une peinture et les différents types de peinture. Et je peux vous dire qu’il y a plus de types de peintures que vous le croyez.
Je vous remercie d’avoir lu jusqu’au ici et n’hésitez pas à laisser vos retours.
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